Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/284

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de la capitale. La France autour de Paris, c’était le vide autour du chaos.

Quant aux causes de cette situation elles dataient déjà de loin. Environnée de complots, d’embûches et de trahisons, n’apercevant qu’ennemis au-dedans, au-dehors, autour d’elle, à ses pieds, la Convention avait dû tout connaître et tout régler. Aussi l’avait-on vue supprimer la Commune, pénétrer dans les familles par ses agents ; et, s’emparant de la vie des citoyens, leur donner son propre souffle à respirer. Non contente de faire aboutir à elle les intérêts généraux, ce qui constitue la centralisation politique, régime de force, elle avait concentré en ses mains la direction de tous les intérêts locaux, ce qui constitue la centralisation administrative, régime d’étouffement.

Puis était venu Napoléon ; et il n’avait eu garde de séparer les deux systèmes, parce qu’il avait besoin, comme la Convention, d’une dictature dévorante, les hommes n’étant plus que des chiffres dans les calculs de son génie.

Napoléon enchaîné, la France, qui se mouvait dans lui, avait soudain perdu tout mouvement, considérée dans son ensemble. Mais comme Paris restait le centre de toutes les affaires, même les plus petites, il avait gardé du passage de l’Empire une agitation désordonnée. Ainsi la centralisation politique, qui est un bien, était morte ; la centralisation administrative, qui est un mal, survivait. On avait eu, par conséquent, au lieu du despotisme en grand, le despotisme en petit. Une autorité féconde en ses excès avait fait place à une tyrannie