Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/289

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étudié la médecine on ne l’est pas quand on possède l’architecture, ou la botanique, ou l’astronomie ! Quelles seront, d’ailleurs, les attributions des conseils municipaux ? Puisqu’on s’avise de classer arbitrairement les capacités, au moins devrait-on nous apprendre sur quels objets leur activité s’exercera. Mais non. Les attributions seront réglées plus tard. De sorte qu’au lieu de créer le pouvoir pour la fonction, on crée la fonction pour le pouvoir ! Aussi bien, faire du droit électoral un monopole, c’est forger un instrument de tyrannie. Mieux vaut briser le principe électif que le corrompre. Si les riches dominent dans les conseils municipaux, on aura organisé une protection pour les intérêts qui ont le moins besoin d’être protégés. L’absurdité est manifeste, l’iniquité flagrante.

Les réclamations des légitimistes n’étaient pas moins vives. Sur cette liste de notabilités présumées où le législateur venait de mettre des sous-lieutenants en retraite, ils cherchaient en vain le curé, et s’étonnaient que, dans leur aristocratique dédain pour la canaille, les libéraux eussent frappé de la même exclusion le pasteur du village et le maréchal-ferrant. Invoquant les souvenirs de l’ancien régime, ils montraient les vignerons, les perruquiers, les laboureurs, appelés par l’édit de mai 1766 à prendre part aux affaires de la commune ; et le libéralisme des législateurs du jour leur faisait regretter celui du contrôleur-général Laverdy, mort pourtant dans la tempête révolutionnaire.

À ces critiques dont chaque parti faisait tourner la logique au profit de ses espérances ou de ses