Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/357

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peut-être feriez-vous bien de l’ajourner. » – « J’appuie cette proposition, crie une voix. » Un officier d’état-major entrant alors dans l’assemblée, la conjure de se séparer il se présente, dit-il, au nom du général Lafayette. La Société délibère. Il faut résister, disent les uns. Montrons-nous amis de l’ordre, sans pourtant laisser prescrire nos droits, répondent les autres. Enfin, le second de ces deux avis l’emportant la société décide que sa prochaine séance aura lieu sur convocation à domicile, et les membres se séparent en silence, au milieu d’une grande foule diversement agitée.

Il y avait donc long-temps que la Société des Amis du Peuple n’existait plus comme assemblée publique, lorsque Casimir Périer monta au pouvoir ; mais elle était loin d’avoir perdu son influence. Nous avons dit dans un précédent chapitre qu’elle avait armé à ses frais un bataillon, et l’avait envoyé au secours de la Belgique. Un de ceux qui partirent alors comme chefs sous ce populaire drapeau ne devait plus revoir son pays ! Il se nommait Caunes, et avait rédigé à Paris un journal intitulé le Moniteur des faubourgs. L’indépendance de la Belgique le compta bientôt au nombre de ses martyrs. Fidèlement secondée par l’intelligence de M. Félix Avril, son secrétaire, et membre du comité, la Société du Amis du Peuple entretenait avec les départements des relations assidues, ralliait les combattants épars, soutenait les convictions chancelantes, et tenait sans cesse le gouvernement en échec par une série de vives publications ; attaques d’autant plus redoutables qu’on ne savait y répondre que par les pamphlets