Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/364

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journées, il dit comment, suivi de ses camarades, il avait désarmé des postes, soutenu de glorieuses luttes, et comment il avait, quoique peu riche, équipé à ses frais des gardes nationaux. Il restait encore au sein du peuple quelque chose de l’ardeur que la révolution de juillet y avait excitée ; on s’animait à de tels récits : les paroles du jeune homme furent accueillies avec exaltation. Lui-même, en terminant sa courte défense, il avait le visage rayonnant d’enthousiasme et les yeux pleins de larmes.

Tout cela rendait les plaidoieries presque superflues. Cependant, MMes Bethmont, Rouen, Marie, Rittiez, Boussy, Plocque, Dupont, Michel (de Bourges), prirent successivement la parole, et jamais cause n’avait été plaidée avec une éloquence plus mâle, plus altière.

MM. Trélat, Cavaignac et Guinard furent aussi entendus. Un talent grave, une admirable sévérité de mœurs, une conviction dont l’énergie se mêlait à beaucoup de tendresse et de charité, distinguaient M. Trélat dans le parti auquel il appartenait. Médecin, il avait plus d’une fois visité les réduits sombres où languit le peuple des grandes villes ; plus d’une fois, il était allé s’asseoir au chevet du pauvre gémissant et abandonné il fit une pathétique peinture des souffrances dont il avait été le témoin ; Il rappela des promesses solennelles qu’on n’avait point tenues, de grands services qu’on avait oubliés.

M. Cavaignac se leva ensuite. Quoique doué d’une organisation d’artiste, qui se révélait par la grace originale de ses manières, l’imprévu de ses écrits,