Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/372

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ble une contrainte que ne masquait pas toujours suffisamment sa prudence profonde. Casimir Périer, d’ailleurs, jetait plus d’éclat qu’il ne convient dans une monarchie où tout se doit rapporter au monarque. Il occupait trop de place dans les haines.

Soit que le roi voulut ramener à lui l’attention publique trop long-temps distraite, soit qu’il fut bien aise d’interroger par lui-même les sentiments de la France, il résolut tout-à-coup de s’éloigner de la capitale. Après avoir, dans un premier voyage, parcouru la Normandie, il se dirigea vers les départements de l’est. Il ne manqua pas d’aller visiter le champ de bataille de Valmy. Là il parut s’arrêter avec complaisance sur l’emplacement des batteries qu’il avait jadis commandées en avant et à l’ouest du moulin. Arrivé au pied de la pyramide qui consacre la mémoire de Kellermann, il y trouva un vieux soldat qui, à la bataille de Valmy, avait eu un bras emporté par un boulet de canon. Le roi détacha aussitôt le ruban qu’il portait à sa boutonnière et en décora le soldat, comme avait coutume de faire Bonaparte. C’est la règle dans les monarchies d’accorder une importance capitale à ces imperceptibles épisodes d’un drame immense. Les feuilles de la cour faisaient grand bruit des moindres détails du voyage entrepris par l’ancien compagnon d’armes de Dumouriez. On s’attachait beaucoup à occuper la France de son roi.

Au reste, le passage du cortège provoqua partout les manifestations de ce banal enthousiasme, enfantillage éternel éternellement pris au sérieux ! A Metz, cependant, la réception faite au roi fut