Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/398

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scènes, chez ceux qui en avaient gardé l’impression. D’un autre côté, il y avait plusieurs années déjà que ces choses s’étaient passées, et, depuis, les relations des deux frères n’avaient pas été sans nuages Il importe d’ajouter que, dans la guerre de Pologne, la conduite de Constantin avait présenté quelque chose d’inexplicable. On raconte que, loin de contribuer aux succès des Russes, il se réjouissait de leurs revers, et ne s’en cachait pas, soit que le rôle subalterne qu’on lui avait assigné dans cette campagne eût irrité son orgueil outre-mesure, soit qu’il fut bien aise de montrer ce que pouvaient dans les combats ces guerriers polonais, qu’il se vantait d’avoir formés à l’art de la guerre, et qu’il continuait à appeler ses enfants.

Quelqu’éloigné que fût de la France le théâtre de ces événements, la nation française les suivait avec une attention passionnée, dont elle se laissait à peine distraire par le ressentiment de ses propres injures. Des faits graves, cependant, et qui la touchaient de près, avaient lieu en Portugal. Don Miguel y régnait, adoré par les mendiants que nourrissaient ses largesses, mais abhorré par tout le reste de la nation, jouet de ses caprices sanguinaires. Don Pédro, son frère, abdiquant devant des troubles factices, par lui-même excités, quittait le Brésil pour venir défendre en Europe la cause de Dona Maria contre l’usurpateur de la couronne de Portugal. Ainsi menacé, et ne pouvant, parvenir à se faire reconnaître ni par l’Angleterre ni par la France, Don Miguel vivait dans un état continuel de fureur, étendant de plus en plus sa tyrannie, et