Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/415

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était reconnu juste et utile ? Si vous ne vous êtes rapprochés de la Belgique que parce que la Belgique s’est éloignée de nous, vous voilà forcés de reconnaître que le lien qui vous rassemble ici est dans votre commune haine pour la France ; que le respect des droits acquis, que la foi des traités, sont des prétextes dont se couvrent la terreur qui vous arme contre nous et les longs ressentiments que nous vous avons inspirés. Eh bien s’il en est ainsi, souffrez que nous ne vous aidions pas dans l’œuvre de notre propre ruine. Au sein du congrès de Vienne, la France, vaincue, avait peut-être à subir la loi du plus fort. Dans la Conférence de Londres la France ne vient pas figurer, Dieu merci, en expiation de ses revers, et elle tient dans sa main, ne l’oubliez pas, cette clef de l’outre des tempêtes dont parlait Canning !

A un pareil discours qu’auraient pu répondre les diplomates étrangers ? Il fallait que les directeurs de la politique française fussent des hommes bien médiocres pour ne pas comprendre que si la dynastie de Louis-Philippe avait des raisons pour craindre la guerre, les Puissances étrangères en avaient de bien plus pressantes encore pour la craindre et pour l’éviter. Les représentants du Palais-Royal, s’ils eussent été doués de quelque intelligence, n’auraient-ils pu tirer parti de la frayeur de nos ennemis, comme nos ennemis surent tirer parti de la frayeur qu’éprouvaient les Français partisans de la dynastie nouvelle ?

Renoncer à cette haute et généreuse politique qui aurait pour jamais cimenté l’union de la France