Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/431

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deux millions d’âmes, le gouvernement français, composé d’hommes sans portée, ne songea pas même à l’essayer, quoiqu’il eût sous la main une nation de trente-trois millions d’hommes, une jeunesse exubérante et une irrésistible masse de soldats tout pleins des souvenirs de la Révolution et de l’Empire.

Le 15 août, le maréchal Soult, ministre de la guerre, annonçait à la chambre des députés « que l’armée française attendrait, pour évacuer la Belgique, que les questions pour lesquelles elle s’était mise en mouvement fussent décidées. » Mais la Conférence en avait ordonné autrement[1]. Et l’armée française revint de sa promenade militaire sans avoir même joui de la satisfaction d’abattre, en passant, le lion de Waterloo.

Cependant, l’adresse en réponse au discours du trône avait été soumise aux délibérations de la chambre des députés, et, le 9 août, les débats avaient commencé.

Attaqué sur tout l’ensemble de sa politique, le ministère plaida sa cause beaucoup mieux qu’on ne s’y était attendu. Quels étaient, dit-il, les griefs de l’Opposition ? Né d’une tempête qui semblait devoir pousser les nations vers le chaos, le gouvernement français avait cherché à tout apaiser autour de lui

  1. Protocole n° 31 : « La Conférence déclara que l’extension à donner aux opérations des troupes françaises et la durée de leur séjour en Belgique seraient fixées d’un commun accord, qu’elles ne franchiraient pas les anciennes frontières de la Hollande, que leurs opérations se borneraient à la rive gauche de la Meuse, que, dans aucune hypothèse, elles n’arriveraient ni à Maëstricht ni à Venloo. »

    Protocoles nos 32, 33 et 34 : « La Conférence s’est appropriée la mesure prise spontanément par la France. Il lui a été rendu compte de la marche et de la retraite de l’armée française. »