Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/442

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chambre. Attaquée faiblement par M. Dupin, elle est soutenue avec énergie par son auteur, par le général Lamarque et par M. de Tracy. M. Girod (de l’Ain), président de la chambre, la met aux voix. Mais les dispositions de la chambre ne paraissent pas douteuses. «  Sauvons la Pologne !   » ce mot est dans toutes les bouches. Soudain, s’élançant de sa place, Casimir Périer court à la tribune. Mais la discussion est fermée, et le règlement n’accorde au ministre que le droit de parler sur la position de la question. De tous côtés, on le lui rappelle avec des cris. Lui, furieux, il affirme qu’il parlera, sans s’expliquer d’avantage. Alors, s’élève de tous les points de la salle le plus violent tumulte. L’émotion a gagné toute l’assemblée. Députés, spectateurs, tous sont debout. Le président agite en vain sa sonnette, dont le bruit est couvert par de confuses clameurs. La gauche et la droite poussant incessamment à la tribune des orateurs qui la disputent au ministre, toujours impérieux, toujours menaçant. Le président se couvre enfin, et l’assemblée se sépare au milieu d’un désordre sans dignité et, jusque là, sans exemple.

Le lendemain, l’aspect de la chambre était morne. On eût dit qu’elle se sentait épuisée. La conduite de Casimir Périer y fut expliquée par ses amis et par lui-même, dans un sens peu favorable à son orgueil ; mais les ministres avaient fait pour changer la majorité, dans l’intervalle des deux séances, des efforts extraordinaires, et la chance avait évidement tourné. M. Bignon ayant consenti, par une concession malheureuse, à substituer le mot assurance