Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/445

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la, société, que tiraillements anarchiques, tyrannies partielles, délaissement du pauvre, spoliations légales et impunies.

Mais les chefs de la bourgeoisie victorieuse étaient des banquiers, de grands capitalistes, des hommes d’affaires, des coureurs d’aventures commerciales. On craignit d’entrer dans un système dont le principe menaçait tant de prétentions individuelles, et qui visait à la ruine de ce lâche despotisme : la liberté de l’industrie. Le projet proposé fut donc repoussé en toute hâte ; on exagéra les difficultés matérielles de l’application ; il aurait fallu former des ouvriers ! c’était impossible. En un mot, la spéculation resta maîtresse du terrain.

De tous ceux sur qui pesait l’amitié du premier ministre, nul n’en subissait plus humblement l’empire que M. Gisquet, homme d’esprit, plein d’activité, et qui, dans la révolution de juillet, avait déployé une fermeté honorable. Juge au tribunal de commerce, M. Gisquet avait coopéré, au sein de Paris en feu, à la rédaction d’un jugement courageux que M. Ganneron prononça, le 27 juillet, contre les ordonnances et pour la Charte. Recommandé par ce souvenir et appuyé par Casimir Périer, M. Gisquet reçut mission, le 2 octobre 1830, d’aller négocier à Londres, pour le compte du département de la guerre, l’achat de trois cent mille fusils. Il partit comme agent du gouvernement, et la lettre qui l’autorisait portait ces mots : « Il vous sera alloué une commission sur le prix de cette acquisition, et vos frais de voyage[1]. Ainsi M. Gis-

  1. On lit dans les Mémoires de M. Gisquet (tome I, p. 176) : « Aucune