Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/102

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embarras. La chambre des députés était condamnée à vivre sans initiative : d’abord, parce que représentant une seule classe, la classe dominante, elle ne pouvait avoir le désir de réformer les abus dont elle-même profitait ; ensuite, parce que composée en partie de fonctionnaires, elle se traînait sous la dépendance des ministres, auxquels une distribution corruptrice des emplois asservissait la majorité.

Ainsi, et pour résumer la situation sous ses trois aspect principaux : dans l’ordre social, la concurrence ; dans l’ordre moral, le scepticisme ; dans l’ordre politique, l’anarchie : tels étaient les traits caractéristiques du règne de la bourgeoisie en France.

D’aussi grands maux appelaient d’énergiques remèdes on n’avait su en trouver aucun qui ne fût une aggravation du mal.

On établissait des tours pour empêcher les mères de tuer l’enfant qu’elles ne pouvaient nourrir ; mais les tours devenaient un encouragement à la débauche, et le nombre des enfants trouvés qui, le 1er janvier 1784, n’avait été que de 40, 000, s’élevait en 1831 à 150, 000.

On construisait des pénitenciers pour y apprendre la vertu à ceux qui avaient reçu de la misère l’éducation du crime ; mais c’était un système bien imprévoyant que celui qui montrait au criminel une sollicitude sur laquelle le pauvre n’avait pas droit de compter, que celui qui attendait le meurtre avant de moraliser le meurtrier, que celui qui, à deux pas de l’atelier où il laissait les enfants se corrompre, élevait la prison <m devaient être catéchisés des scélérats en cheveux blancs.