Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/179

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

complets, et qui laissaient en dehors de son action les personnages qu’il lui aurait importé surtout de connaître et d’atteindre. D’ailleurs, plusieurs agents de police s’étaient sincèrement dévoués à la réussite du complot, ce qui donnait aux conjurés le moyen de contre-miner les manœuvres dirigées contre eux. Ajoutez à cela que, pour prévenir les révélations, on avait fait courir le bruit qu’un coup de poignard attendait tout révélateur reconnu pour tel.

Quoi qu’il en soit, dans un pêle-mêle de conspirateurs dont quelques-uns occupaient une position sociale fort élevée, les hommes appartenant aux conditions les plus obscures se distinguèrent par leur fidélité, leur résolution, et le désintéressement de leur zèle. Parmi ces derniers se trouvait un bottier, nommé Louis Poncelet. Irrité des suites d’une révolution dont le peuple avait si peu profité, il était prêt à se battre pour la légitimité, après s’être vaillamment battu contre elle en 1830. En toute situation difficile, l’inégalité des rangs disparaît, pour faire place à l’inégalité des courages : Poncelet ne tarda pas à acquérir, dans la conspiration, l’importance que le péril assigne à l’audace. Il fut admis auprès du maréchal de France sur qui l’on comptait pour le lendemain d’un succès, et le maréchal lui dit : « Quand vous monterez à l’Hôtel-de-Ville, je serai à cheval, soyez-en sur, et je n’hésiterai pas à me mettre à la tête du gouvernement provisoire. »

Cependant, la nouvelle s’était répandue que, dans la nuit du 1er au 2 février, un grand bal