Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/182

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sonna pour les conjurés. Les diverses brigades se réunirent, comme il avait été convenu, dans leurs quartiers respectifs. Elles comprenaient de deux mille cinq cents à trois mille hommes. Il y avait des groupes à l’Observatoire, à la barrière de l’Étoile, à celle du Roule, aux Champs-Elysées, à la Bastille, au faubourg Saint-Antoine, le long du canal Saint-Martin, et dans le voisinage de plusieurs magasins d’armes, dont le plan avait été dressé et qu’on s’était ménagé les moyens d’envahir sans peine. Un assez grand nombre de gardes forestiers étaient aux barrières, armés chacun d’un fusil à deux coups. De son côté, Poncelet s’était rendu chez un restaurateur de la rue des Prouvaires, et lui avait commandé un repas de plusieurs couverts pour la nuit, en lui remettant un billet de mille francs. Chez ce restaurateur devaient se réunir seulement les principaux conjurés. Aussi la surprise de Poncelet fut-elle extrême lorsqu’il vit accourir à lui successivement beaucoup de conjurés dont la place était ailleurs. « Tout est perdu, lui disait l’un : on a donné contre-ordre. — L’argent que j’attendais, disait l’autre, ne m’est point parvenu ; ma troupe ne saurait sans danger stationner sur la place ou dans la rue, en attendant le signal. — Le chef dont j’avais annoncé la présence à mes hommes, disait un troisième, ne s’est pas encore présenté. Ils s’impatientent, et me prennent pour un traître : que faire ? » Poncelet comprit bien par qui allait avorter le complot ; mais comment reculer ? A onze heures du soir, une centaine de conjurés étaient rassemblés dans la rue des Prou-