Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/183

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vaires. La réunion comptait des hommes déterminés, et des factionnaires veillaient à la porte du restaurant. Mais la police avait reçu des détails plus précis sur le marché conclu avec Dermenon, elle savait que 6,000 fr. lui avaient été remis, et M. Gisquet lui avait donné l’ordre de livrer un certain nombre d’armes. En effet, vers minuit et demi, un fiacre contenant dix-sept fusils s’arrêtait devant le restaurant de la rue des Prouvaires. Les armes furent distribuées. Un instant après, Poncelet, qui était sorti, rentra ayant deux pistolets à sa ceinture. Une grande exaltation régnait parmi les conjurés, et l’on approchait du moment décisif, lorsque tout-à-coup la rue se remplit de gardes municipaux et de sergents de ville. La maison fut entourée, envahie. Le chef des conjurés s’avança, et voyant un sergent de ville porter la main sur la garde de son épée, il lui cassa la tête d’un coup de pistolet. Ses complices ne purent faire usage de leurs fusils, qui n’étaient pas en état de servir. Il fallut fuir. Un des conjurés tomba percé d’un coup de baïonnette, les autres furent arrêtés. On trouva dans la maison, outre les fusils, des balles, des cartouches, et trois des clefs destinées à ouvrir les grilles des Tuileries. Poncelet fut fouillé ; il avait 140 fr. en argent dans sa poche et 7,000 fr. en billets de banque dans la doublure de ses bottes. Il avait distribué 1,800 fr. le 1er février, et avait eu, durant les cinq jours précédents, le maniement de sommes énormes.

Quant aux détachements répandus dans la capitale, la plupart s’étaient depuis long-temps disper-