Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/188

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des affaires. C’était éluder, sur tous les points, les conclusions du mémorandum des Puissances.

Le mécontentement de la population fut d’autant plus vif qu’elle s’était abandonnée à l’espérance. Dans la Romagne, l’indignation se montra si menaçante que les prolégats n’osèrent pas publier l’édit dans leurs provinces. Mais ce qui mit le comble à l’exaspération des esprits, ce fut, d’une part, l’accroissement des impôts ; de l’autre, la publication de cinq règlements qui, sous prétexte d’améliorer la procédure civile et criminelle, consacraient, entre autres abus, les empiètements du tribunal ecclésiastique sur le tribunal civil, sanctifiaient tous les privilèges des tribunaux ecclésiastiques, établissaient par disposition spéciale qu’à égalité de délit les prêtres devaient être condamnés à une peine moins forte, conservaient enfin cette ancienne et sauvage tyrannie : le tribunal de l’inquisition.

Toutefois, l’ordre, maintenu sévèrement par la garde civique, n’avait pas encore été troublé, lorsqu’on apprit que des troupes soldées se mettaient en mouvement pour occuper les provinces. Ces troupes se composaient en grande partie de brigands réunis aux environs de Rome. La nouvelle de leur entrée à Rimini et des excès auxquels ils s’y étaient livrés ne tarda pas à se répandre. On parlait en même temps d’une conspiration ourdie par des prêtres et ayant pour but le meurtre des principaux chefs du parti libéral. Frappé à la fois de colère et de frayeur, le peuple prit les armes, tandis que des députés partaient de Bologne en toute hâte pour aller demander au pape la retraite des soldats.