Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/189

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Les députés lurent d abord accueillis favorablement, et leur retour ranima l’espoir dans l’âme des malheureux Italiens. Des pétitions circulèrent, signées par les hommes les plus recommandables, et signalant les abus des nouveaux règlements, dont l’exécution fut conséquemment suspendue par les autorités de chaque légation. D’un autre côté, le cardinal Bernetti avait écrit que des députés seraient admis à exposer les vœux des populations ; et les prolégats de Bologne, de Ravenne, de Forli, avaient eux-mêmes indiqué d’après quelles règles l’élection devait être faite. Mais tout-à-coup la scène change. La cour de Rome fait savoir qu’elle désapprouve hautement toutes ces démarches ; qu’aucune députation ne sera reçue que les institutions concédées par le pape sont excellentes ; qu’il faut qu’on s’y soumette. Un emprunt réalisé avec l’aide de l’Autriche expliquait ce langage impérieux qu’allait appuyer un corps de cinq mille bandits.

Le 10 janvier 1832, le cardinal Bernetti notifia aux quatre représentants d’Autriche, de France, de Prusse et de Russie, la résolution prise par sa Sainteté d’envoyer ses troupes dans les légations et de dissoudre les gardes civiques. L’Angleterre réprouva hautement la conduite du pape[1]. Les autres Puissances, au contraire, s’accordèrent, dans leurs réponses, à glorifier la sagesse du souverain pontife, et à blâmer les Romagnols, abandonnés à sa vengeance comme ingrats et rebelles. « S’il arrivait, disait l’ambassadeur de France, M. de Saint-Aulaire, que, dans leur mission toute pacifique, les trou-

  1. Voir aux pièces justificatives, n° 2.