Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/191

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ché la désobéissance l’épée à la main, qu’elle avait pillé les caisses publiques ? Qu’attendre d’un pouvoir qui procédait ainsi par le mensonge, comme si ce n’était pas assez pour lui de recruter ses armées dans les prisons de Civita Castellana, du fort Saint-Ange et de Saint-Leo ? Si la liberté italienne était destinée à périr, il ne fallait pas du moins qu’elle mourût sans avoir trouvé de défenseurs. Était-il possible, d’ailleurs, que la France souscrivît au pacte qu’on signait en son nom, pacte odieux que n’avait pas voulu signer le représentant de l’Angleterre ? Les actes se joignant à ces imprécations, les gardes civiques prirent les armes.

Le cardinal Albani avait été nommé commissaire extraordinaire, et il avait chargé un officier autrichien, le baron Marchai, de diriger les opérations militaires. Les troupes pontificales, qui s’étaient portées à Rimini, s’ébranlèrent ; de leur côté les gardes civiques étaient en marche : La rencontre eut lieu dans la plaine de Cesène. De moitié inférieurs en nombre, dépourvus de cavalerie, et n’ayant que trois pièces de campagne, les Romagnols soutinrent le combat avec vigueur, mais la partie était trop inégale : après une résistance opiniâtre, ils durent céder le terrain ; et dans l’espoir d’amener l’ennemi à disséminer ses forces, ils évacuèrent successivement Cesène et Forli. Alors se passèrent, dans le berceau de la chrétienté et au nom du chef miséricordieux des fidèles, des scènes dignes de la barbarie des anciens âges. Les papalins se précipitèrent sur Cesène comme des forcenés, saccagèrent le faubourg, envahirent un couvent où