Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/208

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but de cette visite était d’obtenir la remise des postes que le 35e ne pouvait plus occuper, qu’au risque d’une effroyable collision. Pas de concession ! disait le préfet, aveuglé par le fanatisme du pouvoir. Mais le lieutenant général Saint-Clair comprit bien qu’un refus de sa part serait le signal de la guerre civile, et il consentit à remettre à la garde nationale tous les postes de moins de douze hommes, y compris celui qui veillait à la porte de son hôtel. Quelques instants après, on entend un grand bruit dans la cour de la préfecture. La foule s’y est précipitée et frappe la porte à coups redoublés : « Que signifie cela, demande le général ? Cela signifie, répond le préfet, que sous peu vous et moi serons jetés par la fenêtre. » Ils passèrent alors l’un et l’autre dans la salle de la mairie, où s’étaient rassemblés un grand nombre de gardes nationaux. Là, on fit savoir au général que ses concessions étaient insuffisantes ; que, pour éviter une collision, il était urgent de faire occuper par la garde nationale tous les postes, à l’exception de trois portes de la ville, que pourraient occuper conjointement la garde nationale, l’artillerie de la ligne et les sapeurs du génie. Le général dut se rendre aux instances de tant de citoyens, parlant au nom de l’humanité, et comme la cour était remplie d’une multitude impatiente, il fut invité à descendre au milieu d’elle pour la calmer. Le tumulte était immense. A la vue du général, un jeune homme, nommé Huchet, s’avance et prend rapidement la parole. Blessé la veille, il avait le bras en écharpe, et se montrait fort animé. Il rappela en termes passionnés des malheurs