Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/215

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de faire partir de Grenoble le 35e, dut partir pour Metz, où les honneurs du commandement couvrirent mal sa disgrâce. D’un autre côté, M. Maurice Duval fut élevé dans la faveur du maître. Et, pour mieux marquer que la puissance des baïonnettes allait devenir dominante, le maréchal Soult, ministre de la guerre, publia un ordre du jour adressé à l’armée, manifeste hautain qui commençait par des témoignages de satisfaction donnés au 35e de la part du roi, et qui se terminait par ces mots, étonnants chez un peuple libre : « Soldats ! le roi et la France vous remercient. »

Il était temps que la voix de la vérité fut opposée aux inspirations de la violence. Dans un rapport, remarquable par la précision des énoncés et la modération du langage, l’administration municipale de Grenoble prouva péremptoirement que la mascarade du 11 mars ne figurait en rien l’assassinat du roi ; que la garde nationale avait été convoquée trop tardivement pour pouvoir se rassembler[1] ; qu’aucun cri hostile au gouvernement ou au roi, n’avait été poussé sous les fenêtres du préfet ; — le préfet en était lui-même convenu ; que le commandant de place n’avait pas été averti[2] ;

  1. « Je soussignée, employé à la mairie de Grenoble, certifie que la lettre adressée par M. le préfet de l’Isère à M. le maire de Grenoble, le 12 mars courant, contenant l’ordre de convoquer un bataillon de la garde nationale, n’est parvenu à la mairie qu’entre quatre heures et demie et cinq heures du soir. En foi de quoi j’ai signé le présent.

    Grenoble, le 15 mars 1832.
    Laborne. » XXX
    (Extrait du rapport de la municipalité de Grenoble.)XX
  2. « C’est avec la plus vive peine que je vois que nombre de mes compatriotes croient que j’ai été chargé du mouvement des troupes,