Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/268

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Elle désire et elle espère pouvoir l’éviter, et si elle avait des secours de ce genre à demander, ce serait à d’autres Puissances que l’Espagne qu’elle s’adresserait. Il ne faut donc pas qu’un soldat espagnol passe la frontière. Veuillez ne point perdre cela de vue. Toutes vos démarches doivent se borner à obtenir un meilleur emploi de la légion étrangère et un asile en cas de revers. »

M. de Saint-Priest aurait voulu davantage. Il pensait avec raison que, puisqu’on renonçait à demander à l’étranger des secours de troupes, il était au moins inutile d’entretenir avec les Puissances des relations diplomatiques quelconques. Mais cette opinion n’était celle ni du roi de Sardaigne ni du maréchal Bourmont. Un fils du maréchal fut donc envoyé au prince d’Orange, et M. de Choulot à l’empereur de Russie.

M. de Bourmont fils était chargé de faire connaître au prince royal de Hollande les projets et les espérances de la duchesse de Berri, qui, instruite des difficultés soulevées par la question belge, comptait sur une diversion propre à attirer vers la frontière du nord les troupes de Louis-Philippe. Le prince d’Orange parut très-étonné de la confiance que la duchesse de Berri avait dans les forces du parti légitimiste, et l’on ne put lui arracher que ces mots : « Pour nous, nous sommes prêts. »

Quant à M. de Choulot, il ne dut qu’à son énergique persistance d’être admis auprès de l’empereur de Russie. Les plus minutieuses précautions avaient été prises pour dérober au corps diplomatique le secret de cette entrevue. L’empereur accueillit d’abord M. de Choulot avec quelque froideur mais quand il sut quelles étaient les idées et