Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/376

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s’adressa d’abord. La négociation fut longue, et elle était au moment de se conclure, lorsque tout-à-coup le bruit se répandit qu’une scène extrêmement vive avait eu lieu entre le monarque et le sujet. La nouvelle était fondée : ils s’étaient séparés fort mécontents l’un de l’autre ; soit que M. Dupin, comme quelques-uns l’ont pensé, n’eût pas consenti à se soumettre à la théorie du gouvernement personnel, soit qu’à propos d’une question de moindre importance, le roi se fût offensé de la brusquerie que M. Dupin apportait quelquefois dans ses manières et dans ses discours.

Restaient M. Guizot et M. Thiers. Mais le premier était d’une impopularité dont les inconvénients étaient sentis même par ceux dont il avait le plus chaudement défendu les intérêts ; et quant au second, quoiqu’il eût déployé un grand talent, il n’avait pas encore assez de consistance pour qu’on le mît à la tête des affaires.

Dans cet embarras, le roi jeta les yeux sur M. de Broglie. Le nom de ce personnage, sa clientelle, la noblesse de son caractère, la considération dont il jouissait, étaient en effet de nature à donner du relief à un cabinet dont il aurait fait partie ; et, sous son égide, M. Thiers aurait pu rendre à la monarchie de très-utiles services.

Cette combinaison parut excellente à la plupart des membres influents de la majorité parlementaire. Mais le roi goûtait peu M. de Broglie, homme à principes inflexibles, d’une volonté ferme, d’une vertu raide, se faisant honneur de sa persistance dans les mêmes idées, et repoussant comme con-