Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/453

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ment français y devint, plus encore que les cabinets étrangers, l’objet de malédictions violentes. De toutes parts on s’indignait contre un appui dans lequel l’orgueil d’une nationalité naissante ne voyait plus qu’un affront sanglant. Les habitants qui l’année précédente s’étaient offerts de bonne grâce à héberger les troupes françaises, rédigèrent pétitions sur pétitions, pour demander qu’on les exemptât de la charge dont les menaçait la nourriture des officiers ; et les réclamations à cet égard devinrent si nombreuses, si vives, si hautaines, que le ministre de la guerre en Belgique, le général Evain, reconnut bientôt la nécessité de les admettre. Entre lui, cependant, et M. Laneuville, intendant de l’armée française, il avait été stipulé, le 18 octobre, des clauses dont le texte était formel. N’importe ! Le mauvais vouloir des habitants se manifestait avec tant de fougue, tant d’animosité, qu’on fut obligé d’en subir jusqu’au bout l’injure. Pour sortir d’embarras et assurer la subsistance des officiers français, M. Laneuville dut proposer au maréchal Soult d’allouer aux officiers des traitements supplémentaires, comme on l’avait fait, en pareil cas, dans les expéditions d’Espagne, de Morée, d’Alger, d’Ancône. Et ce n’était encore là que le prélude des obstacles qu’allait susciter aux Français le ressentiment du peuple belge !

Le roi Léopold lui-même éprouvait un secret dépit de l’impuissance à laquelle on faisait descendre son armée, et des dangers dont les combinaisons diplomatiques entouraient sa popularité encore si incertaine. Quant à ses ministres, leur responsabi-