Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/473

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mercantilisme n’avait pas encore effacé entièrement les caractères distinctifs de notre vieille nationalité ! Il restait démontré que les batailles de l’Empire n’avaient pas tari la source de ce sang généreux qui, à tant d’époques diverses, coula pour les peuples opprimés ! Car c’est la gloire éternelle de la nation Française d’avoir constamment représenté, au milieu de la fluctuation des choses humaines, le principe du dévoûment. Que la mission formidable qu’elle se donna vers la fin du XVIIIe siècle eût laissé en Europe une longue impression d’épouvante, on le conçoit ; et, pourtant, ce ne fut pas pour elle seule qu’elle agit, lorsque, furieuse et sublime, elle se mit à secouer les trônes et à prêcher la liberté universelle, sans que rien fût capable de l’arrêter, ni la ligue de toutes les, monarchies, ni l’Angleterre épuisant contre nous son opulence et sa haine, ni les passions les plus fougueuses déchaînées sur la face entière du globe, ni enfin cette nécessité terrible de pourvoir au salut commun à force de frapper et de vaincre !

Voilà ce que n’auraient jamais dû oublier ceux qui, après la révolution, de juillet, nous accusaient de nourrir un pernicieux esprit de conquête ; et voilà ce qui rendait odieusement hypocrites ces défiances de la diplomatie dont le cabinet des Tuileries n’eut pas honte, dans la campagne d’Anvers, d’accepter, de subir l’affront. Car, si le siége de la citadelle d’Anvers fut, sous le rapport militaire, un événement glorieux, il ne fut, sous le rapport diplomatique, qu’une mystification cruelle. Il n’eut, en effet, pour but que de nous employer