Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/127

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« Je vous proposerai d’abord quelques articles nécessaires pour compléter vos théories sur la propriété ! … Que ce mot n’alarme personne ; âmes de boue qui n’estimez que l’or, je ne veux point toucher à vos trésors, quelque impure qu’en soit la source. Vous devez savoir que cette loi agraire, dont vous avez tant parlé, n’est qu’un fantôme créé par les fripons pour épouvanter le imbéciles… Il s’agit bien plus de rendre la pauvreté honorable que de proscrire l’opulence ; la chaumière de Fabricius n’a rien à envier au palais de Crassus : j’aimerais bien autant, pour mon compte être l’un des fils d’Aristide, élevé dans le Prytanée aux dépens de la république, que l’héritier présomptif de Xercès, né dans la fange des Cours, pour occuper un trône décoré de l’avilissement du peuple, et brillant de la misère publique. Posons donc de bonne foi les principes du droit de propriété : il le faut d’autant plus qu’il n’en est point que les vices des hommes aient cherché à envelopper de nuages plus épais. Demandez à ce marchand de chair humaine ce que c’est que la propriété… Il vous dira, en montrant cette longue bière qu’il appelle un navire, où il a encaissé et serré des hommes qui paraissent vivants : Voilà mes propriétés je les ai achetées tant par tête. Interrogez le gentilhomme qui avait des terres, des vassaux, et qui croit l’univers bouleversé depuis qu’il n’en a plus… Il vous donnera de la propriété des idées à peu près semblables. Interrogez les augustes membres de la dynastie capétienne… ils vous diront que la