Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/142

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en vertu du traité d’Andrinople, puisque cet établissement compromettait, et la navigation intérieure de l’Autriche, et ses communications avec la mer Noire. Les Russes une fois en possession des principautés situées au sud du territoire autrichien, combien n’eût pas été dangereux pour la Cour de Vienne leur contact avec les colons militaires de l’Illyrie, gardiens de la frontière hongroise ? Les Russes une fois en possession de Constantinople et des Dardanelles, combien le voisinage de leurs vaisseaux n’eut-il pas été embarrassant pour la marine marchande de l’Autriche, qui exploite le commerce de l’Adriatique ?

Quant à l’Angleterre, nous l’avons dit au commencement du second volume, elle eût perdu, à l’occupation de Constantinople par les Russes, une partie de son influence dans la Méditerranée, ses moyens de communication avec l’Inde par la Turquie, une partie de l’importance de ses possessions du Levant, et un débouché ouvert à l’exportation annuelle de trente millions de produits anglais. D’où ces paroles de lord Chatam, déjà citées par nous : « Avec un homme qui ne voit pas les intérets de l’Angleterre dans la conservation de l’empire ottoman, je n’ai pas à discuter. »

L’Europe occidentale avait donc pour mot d’ordre, en 1830, le « maintien de l’intégrité de l’empire ottoman. » Mais cette intégrité pouvait-elle être maintenue  ? Et s’il était bon qu’elle le fût, pourquoi la France et l’Angleterre avaient-elles si long-temps souffert l’ambition militante de la Russie ? Pourquoi avaient-elles poussé l’aveuglement jusqu’à la favo-