Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/169

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la marche à suivre : il la parcourut d’un regard distrait et indifférent, bien décidé à ne prendre conseil que de lui-même.

Ainsi, le nom de la France allait être engagé dans la conclusion d’une paix dont la portée était immense, d’une paix qui n’était pas moins que l’arrangement provisoire du monde ; et rien n’avait été réglé par le gouvernement français qui, tout entier à ses préoccupations égoïstes et à ses passions d’un jour, ne savait même pas de quelle manière on allait mettre en jeu sa responsabilité et dans quelle route on allait précipiter sa politique !

Arrivés à quelques lieues de Kutaya, M. de Varennes et Réchid-Bey s’arrêtèrent dans un petit village et tinrent conseil. Quelles bases donneraient-ils à la négociation ? Réchid-Bey aurait voulu qu’on ne proposât d’abord à Ibrahim que la cession des quatre pachaliks de Seyde, de Jérusalem, de Tripoli et de Naplouse, sauf à accorder davantage dans le cours des débats. Mais M. de Varennes répondit qu’il était imprudent et dérisoire d’assigner pour point de départ à la négociation, des offres déjà refusées si péremptoirement, et qu’on ne pouvait se dispenser d’offrir à Ibrahim toute la Syrie. Réchid-Bey n’insista pas. Il avoua même à M. de Varennes que lorsqu’il avait pris congé du sultan, Mahmoud lui avait dit : « Entendez-vous avec M. de Varennes et arrangez cette affaire comme vous pourrez. » D’où le négociateur français conclut que le sultan voulait sortir à tout prix de la cruelle situation à laquelle il était depuis si long-temps enchaîné. Du reste, cette facilité de Mahmoud n’avait rien de sur-