Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/176

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drie, le second Constantinople. Il est vrai que c’était à notre médiation que Méhémet-Ali semblait devoir le couronnement de ses conquêtes ; mais quel mérite une pareille médiation pouvait-elle avoir à ses yeux, après nos sommations menaçantes et sa déclaration formelle qu’il ne céderait pas ?

Quant au résultat matériel des négociations, et en laissant de côté leurs conséquences morales, il faisait évidemment les affaires, non de la France, mais des Russes. Car livrer à Méhémet-Ali toute la Syrie et les portes de l’Asie-Mineure, c’était couper en deux l’empire ottoman, c’était l’affaiblir, c était rendre la dépendance de Mahmoud à l’égard de l’empereur Nicolas plus nécessaire et plus complète, c’était avancer pour Constantinople, et sans compensations pour nous, l’heure fatale de la servitude. Si, malgré tout cela, le cabinet de Saint-Pétersbourg se montra contraire aux prétentions de Méhémet-Ali et mécontent des avantages qu’on lui faisait, c’est qu’il entrait dans la politique russe de protéger Mahmoud. D’ailleurs, de quel prétexte la puissance moscovite aurait-elle couvert son irruption dans le Bosphore, si elle n’y avait paru en qualité de protectrice ?

Ainsi se termina notre première campagne diplomatique en Orient. La suite, comme on le verra, répondit au début !

Vers la même époque, le cabinet des Tuileries contractait envers celui de Saint-James un engagement qui passa presqu’inaperçu alors, enseveli qu’il était dans l’ombre des chancelleries, mais qui devait, quelques années plus tard, réveiller en France