Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/183

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apportait au Portugal une charte à la façon des Anglais ; il invoquait, par conséquent, à l’appui des droits de dona Maria, sa fille, la Grande-Bretagne et la France.

Le gouvernement français fit des vœux pour don Pédro, et n’osa faire davantage. Appelé à Porto pour y soutenir de ses talents militaires et de sa vieille expérience la cause constitutionnelle, le général Solignac n’avait trouvé dans le cabinet des Tuileries que réserve et froideur. Aucune somme d’argent ne fut mise, même en secret, à sa disposition ; on voulut bien couvrir d’une tolérance timide les démarches auxquelles il se livrait pour rassembler autour de lui des compagnons de guerre, mais on eut soin de se ménager le moyen de désavouer toute participation officielle au mouvement. La duchesse de Bragance, qui était alors à Paris, et qui eût volontiers mis ses diamants en gages pour obtenir des secours efficaces, dut se résigner à cette situation d’esprit où l’espérance tient moins de place que l’inquiétude ; enfin, le général Solignac n’eut à jeter dans la balance que le poids de son nom et de son épée.

Il faut le dire, la conduite du cabinet de Saint-James fut ici plus pusillanime encore et plus incertaine que celle du cabinet des Tuileries. Dirigée en 1833 par le comte Grey et les whigs, que le triomphe de la réforme avait portés aux affaires, la politique anglaise semblait avoir perdu sa clairvoyance et sa vigueur ordinaires. Les whigs ne pouvaient ignorer de quelle haine don Miguel était animé contre eux ; ils s’exposaient donc, en ne prêtant