Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/190

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sur la forme qu’il donnait à ses sympathies pour don Miguel, il n’hésita pas à répondre avec hauteur, déclarant que, si les Anglais entraient en Portugal au nom de don Pédro, lui, au nom de don Miguel, il y ferait entrer sur-le-champ les Espagnols.

Voilà sur quels principes reposait la politique de l’Espagne, lorsque, le 29 septembre 1833, Ferdinand VII rendit le dernier soupir. Sa vie n’avait été qu’un tissu de basses bouffonneries associées à des instincts de cruauté. Son imbécillité sanguinaire l’avait fait tour-à-tour esclave de son entourage et tyran de son peuple. Il mourait, léguant à sa jeune femme une régence orageuse ; à sa fille, encore enfant une royauté en litige à son pays, la guerre civile.

La mort du roi d’Espagne ne fut pas plus tôt connue à Paris, que le Conseil s’assembla. Reconnaîtrait-on la jeune Isabelle ?

C’était renverser l’œuvre accomplie par Louis XIV, lorsqu’il avait fait passer les Pyrénées, non-seulement à son petit-fils, mais encore à ce droit salique, si essentiellement français. Or, le maintien du droit salique en Espagne était du plus haut intérêt pour la France, puisqu’il écartait d elle tous les périls d’un mariage qui aurait pu rendre l’Espagne anglaise, ou faire revivre à Madrid l’influence autrichienne. Convenait-il de rendre possible quelque autre Charles-Quint ? Y avait-il prudence à tenir ouverte aux Anglais, pour qu’ils vinssent nous attaquer par terre, la porte des Pyrénées ? Nous menacer en débarquant sur nos côtes, l’Angleterre ne le