Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/202

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tous réfugiés italiens. Il craignait d’ailleurs qu’on ne l’accusât d’avoir, dans son nouveau complice, repoussé un rival. Il l’appela donc à Genève, après avoir envoyé auprès de lui deux émissaires chargés de l’étudier. Dans la première entrevue des deux chefs il fut convenu que le territoire italien serait envahi par deux colonnes : l’une, partie de Lyon, l’autre de Genève. Le général Ramorino se chargea de celle de Lyon, où il croyait avoir de grands moyens d’influence. Une somme de 40, 000 francs fut mise à sa disposition et il partit. Mazzini lui avait recommandé, en qualité de secrétaire, un jeune Modenais par qui ses démarches devaient être secrètement surveillées.

Mazzini organisa la conspiration en Savoie avec une prodigieuse activité. Il se mit en rapport avec les Polonais, avec les Allemands, avec les carabiniers suisses ; il acheta des fusils, étudia le plan de la prochaine campagne, et, dans des lettres ardentes, poussa les démocrates de Paris à tenter une diversion. Il fit plus : pour les y décider, il leur montra l’Italie frémissante et déjà victorieuse, de sorte qu’il exagérait les chances de succès pour les accroître et supposait le triomphe pour l’obtenir. Ce qu’on désire avec violence, on le croit sans peine : les chefs du parti républicain à Paris se préparèrent à seconder énergiquement l’expédition de Savoie. Mais elle avait été condamnée, comme téméraire et entachée d’alliage aristocratique, par le patriarche de la Charbonnerie nouvelle, par Buonarotti.

Qu’on nous permette de ne pas poursuivre, sans avoir peint cet homme si peu connu, et qui est