Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/213

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nistérielle semblait le poursuivre ! Ainsi, l’on avait altéré, en l’aggravant, la portée de l’apostrophe, et maintenant on altérait le caractère des explications dont elle avait fourni le sujet ! Quelle invisible main préparait donc à la querelle un dénoûment funèbre ? Comment le Bulletin ministériel du soir avait-il eu connaissance d’une lettre confiée à la discrétion du Journal des Débats, à son honneur ? La communication venait-elle directement des témoins du général Bugeaud, ou bien n’était-ce qu’un écho lointain des hâbleries de quelques courtisans, traîneurs de sabre ? Voilà ce qu’on commença de toutes parts à se demander, et dans beaucoup d’esprits s’éveilla un soupçon étrange, un soupçon terrible.

Quant à M. Dulong, il n’avait plus à suivre que les inspirations de son courage. Il s’empresse d’interdire l’insertion de la lettre qu’on donnait comme ayant été exigée de lui, et, le premier arrangement étant abandonné, il choisit pour nouveaux témoins deux députés, MM. Georges Lafayette et César Bacot.

Le 28, à trois heures de l’après-midi, ces messieurs se trouvaient au domicile de M. Dulong, avec Armand Carrel, que son noble cœur poussait à intervenir dans la querelle pour l’apaiser, lorsque le général Bugeaud se présenta. Un convenable désir de conciliation éclatait sur son visage et dans ses paroles. Armand Carrel eut avec lui un entretien dans lequel il puisa l’espoir que tout pouvait se terminer par une note qui, soigneuse de la dignité de M. Dulong, satisferait dans M. Bugeaud l’homme