Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/259

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bre, une revanche à prendre ; que c’était dans le souvenir d’une déplorable victoire qu’était le germe de l’insolence déployée par les mutuellistes ; et qu’il était urgent de leur donner enfin une vigoureuse leçon. Tels furent les propres termes dont se servit le Courrier de Lyon, organe passionné de l’aristocratie industrielle de la ville.

Et ces dispositions ne s’accordaient que trop bien avec celles de l’autorité. Le gouvernement n’ignorait pas que le parti républicain se livrait alors à un immense travail d’organisation. Il voyait la Société des Droits de l’Homme s’étendre, s’enhardir, se discipliner, jeter son inévitable réseau jusque sur les villes de second et de troisième ordre ; il prévoyait que la promulgation de la loi contre les associations deviendrait le signal d’une résistance qui, se produisant sur tous les points du royaume à la fois, avec ensemble, et sur l’ordre parti de la capitale, mettrait le royaume en feu et la monarchie à deux doigts de sa perte. De là son empressement à courir au-devant d’une crise qui avait tous les caractères de la fatalité. Puisqu’éviter la bataille était impossible, mieux valait la livrer lorsqu’on avait encore le choix des circonstances, du moment, des armes, du terrain. Puisqu’il fallait ou terrasser le parti républicain ou périr sous ses coups, mieux valait l’attaquer au milieu des embarras d’une organisation inachevée, et avant qu’il eût pris son mot d’ordre dans toute la France et terminé ses préparatifs. Comme champ de bataille, Lyon convenait beaucoup mieux que Paris au gouvernement, la centralisation ayant donné à Paris le privilége de rem-