Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/344

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naire. Or, quoique cette qualification n’eût pas de vrai sens politique, quoiqu’elle exprimât une manière d’être plutôt qu’une manière de penser, il s’y attachait je ne sais quel vernis d’impopularité tout-à-fait indélébile. Aussi n était-il question de la présidence, ni pour M. Guizot, ni pour M. Thiers. Et dès-lors quel parti prendre ? Ils ne saluaient dans personne la supériorité du talent, ils n’auraient accepté que celle du nom il fallait donc trouver un personnage à la suite duquel ils pussent marcher sans trop sacrifier leur orgueil. Mais le maréchal Gérard se retirait, le maréchal Soult venait de tomber sous leurs coups, M. de Broglie était odieux au roi: que faire? Restait M. Mole. On conçut un moment l’espoir de l’attirer, et on parla de lui donner le portefeuille des affaires étrangères. Nouvel embarras! Ce portefeuille, M. de Rigny ne l’avait accepté provisoirement que pour laisser entr’ouverte devant M. de Broglie la porte du Conseil. C’eût été rendre impossible pour bien long-temps le retour de M. de Broglie que de faire occuper par,M. Molé le département des relations extérieures. M. Guizot n’y pouvait consentir.

Au surplus, lui-même, pendant ce temps, il était comme un point de mire pour les ambitieux du parlement et pour les familiers du château. Tous ils avaient entouré M. Thiers, et tantôt l’irritant par des rapports infidèles, tantôt le flattant à l’excès pour éveiller en lui la jalousie, tous ils le pressaient de rompre avec les doctrinaires. Quel autre moyen avait-il d’asseoir inébranlablement sa fortune politique? Et quel faux point d’honneur le poussait à