Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/387

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s’arrêter au langage hautain du général Jackson, ce langage ayant été désavoué par le congrès ; que le traité de 1831 était un acte consommé, et que la nation française ne pouvait se dispenser de faire honneur à la signature de son roi ; que ce traité, d’ailleurs, n’était pas sans compensation, puisque les Américains s’engageaient, de leur côté, à se libérer d’une somme de 1,500,000 fr. réclamée par la France, et qu’ils consentaient à admettre nos vins dans les ports de l’Union, à droits réduits pendant dix ans qu’il y avait folie à perdre, pour une affaire d’argent, l’amitié d’un peuple généreux ; que nos refus entraîneraient peut-être une guerre qui, sans parler du sang répandu, nous coûterait bien au-delà de la somme exigée ; que, même en admettant une moins sombre hypothèse, nous fermerions à nos vins et à nos soieries un débouché important, et jetterions sur la place publique, à la disposition de l’émeute, une foule d’ouvriers sans travail et sans pain.

Aucune de ces raisons ne touchait les adversaires du traité. On mettait en avant la légitimité de la réclamation ? Mais on considérait donc comme illégitimes les décrets impériaux qui en étaient la source ? Or, les décrets de 1806 et 1807, plus particulièrement dirigés en 1810 contre l’Union, n’avaient-t-ils pas eu pour but de la contraindre à remplir des devoirs de neutralité que lui faisaient violer, et la soif de l’or, et une condescendance dont l’Angleterre ne pouvait jouir sans que la France eût droit d’en être offensée ? Les décrets de 1806 et 1807 n’avaient-ils pas un caractère tout européen,