Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/396

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cusés lyonnais répondirent par la nomination de MM. Baune, Lagrange, Martin Maillefer, Tiphaine et Caussidière..

Alors, on vit ces hommes sur qui pesait la menace d’un arrêt terrible, s’élever soudain au-dessus du péril et de leurs passions, pour se livrer à l’étude des plus arides problèmes. Le comité de défense parisien avait commencé par distribuer entre les membres les plus capables du parti les principales branches de la science de gouverner, assignant à l’un la partie philosophique et religieuse, à l’autre la partie administrative, à celui-ci l’économie politique, à celui-là les arts. Ce fut, pour tous, le sujet des plus courageuses méditations, des recherches les plus passionnées. Mais tous, dans cette course intellectuelle, n’étaient pas appelés à fournir la même carrière. Des dissidences théoriques se manifestèrent entre MM. Godefroi Cavaignac, Guinard, Armand Marrast, d’une part ; et, de l’autre, MM. Landolphe, Lebon, Vignerte. Des discussions brûlantes s’élevèrent. Par le corps, les captifs appartenaient au géolier ; mais, d’un vol indomptable et libre, leur esprit parcourait le domaine, sans limites, de la pensée. Du fond de leurs cachots, ils s’inquiétaient de l’avenir des peuples, ils s’entretenaient avec Dieu et, placés sur la route de l’échafaud, ils s’exaltaient, ils s’enivraient d’espérance, comme s’ils eussent marché à la conquête du monde. Spectacle touchant et singulier, dont il convient de garder le souvenir à jamais !

Que des préoccupations sans grandeur se soient mêlées à ce mouvement ; que l’émulation ait quelquefois fait place à des rivalités frivoles ou haineuses ;