Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/421

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sait leurs portraits dans les rues ; on distribuait leur biographie des lettres de félicitations et de sympathies étaient, pour eux, adressées de toutes parts aux feuilles radicales ; on consacra d’avance aux plus pauvres d’entre eux le produit d’une souscription de 20, 000 francs, ouverte d’enthousiasme et, pour qu’il restât bien démontré, aux yeux de la France, que les soutiens ne manqueraient pas aux prévenus, les plus zélés d’entre les défenseurs résolurent de se lier à leur sort par un acte éclatant de fraternité. Ils se réunirent donc, un jour, au nombre de vingt-cinq ou trente, dans la rue des Maçons-Sorbonne ; et là on fit la lecture d’une lettre qu’il s’agissait d’adresser publiquement aux accusés, et dont le rédacteur était M. Michel (de Bourges). La lettre est approuvée, les assistants y apposent leurs signatures ; quelques-uns signent pour des amis absents dont ils ne doutent pas plus que d’eux-mêmes, et l’on décide la publication immédiate. M. Trélat, président de l’assemblée, n’était pas d’avis d’une précipitation qui imposait à tant de graves personnages le joug d’une solidarité sur laquelle ils n’avaient pas été appelés à se prononcer. Mais la décision prise était impérieuse : M. Trélat envoya la lettre aux journaux républicains ; et, le lendemain, elle parut dans la Tribune et le Réformateur, avec les noms des défenseurs[1]. Il y était dit[2] : « Persévérez, citoyens ; montrez-vous, comme par le passé, calmes, fiers, énergiques ; vous êtes les défenseurs du droit commun ; ce que

  1. Voir aux documents historiques n° 15.
  2. La Tribune portait 91 signatures, et le Réformateur, 109.