Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/499

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quable. – Nous aurons plus loin occasion de le prouver. — Et pourtant, jamais il n’avait déployé un talent oratoire plus vrai. Mais jamais aussi résistance plus opiniâtre ne lui avait été opposée par l’assemblée. Il la sentait frémir, en quelque sorte, sous sa parole, de dépit, d’impatience et de colère. Successivement combattu par M. Humann, son collègue de la veille, par M. Berryer, par M. Sauzet, par M. Dufaure, il succomba. Le 5 février l’ajournement de la question fut rejeté à une majorité de deux voix. Au sortir de la séance, tous les ministres allèrent déposer leur démission aux pieds du roi. Et, le lendemain, la Chambre accepta cette démission, en votant la prise en considération de la mesure, second vote confirmatif du premier !

Il y avait quelque chose d’extraordinaire dans tout ce qui venait de se passer. Car enfin, comment supposer que M. Humann n’eut obéi qu’à ses inspirations personnelles, en jetant dans la Chambre et dans le Cabinet un brandon de discordes alors que le pouvoir commençait à fonctionner librement et que la bourgeoisie jouissait d’un calme inaccoutumé ? Pourquoi cette surprise faite par M. Humann à ses collègues, au risque d’un immense et triste scandale ? Les amis les plus clairvoyants de MM. de Broglie et Guizot pensèrent que tout ce mouvement était né d’une secrète impulsion partie de la main d’un personnage auguste. Ce qui paraît prouvé, c’est que plusieurs familiers du Château votèrent, en cette occasion, contre le Cabinet, et qu’il y eut des négociations entre M. de Montalivet, un des plus dévoués serviteurs eu roi, et M. de Malleville, membre du tiers-parti. Ce qui est hors de con-