Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/122

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M. de Chambrier, au contraire, les déclarait offensantes à l’excès et pleines de périls. Après des débats fort animés, dix états seulement-la majorité voulue était de douze se prononcèrent pour le rapport. Plusieurs cantons avaient demandé le referendum.[1] Mais les cantons de Fribourg et de Saint-Gall n’ayant pas tardé à adhérer aux conclusions, le Directoire fédéral dut songer à exécuter la décision de la Diète.

Qui le croirait ? Sur l’opprobre de cette affaire Conseil, M. Molé fut trompé comme l’avait été M. Thiers. Il prit des renseignements auprès de ceux qui étaient le mieux en état d’éclairer sa religion, et il ne sut pas tout. Plus tard, un sourire expressif de M. d’Appony lui ayant inspiré d’étranges soupçons, il parvint enfin à connaître la vérité mais déjà le mal était fait déjà se trouvait consommée, à l’égard de la Suisse, une scandaleuse iniquité. Persuadé, en effet, qu’il n’y avait rien de vrai dans la mission d’espionnage attribuée à Conseil, et que le rapport adopté par la Diète n’était que le résultat d’une trame ourdie par les réfugiés pour perdre l’ambassadeur français, M. Molé n’avait pas hésité à frapper la Suisse et, le 27 septembre 1836, M. de Montebello adressait au Directoire fédéral une note qui interrompait toute relation diplomatique entre la Suisse et la France.

La note du 27 septembre reconnaissait d’abord — aveu d’une imprudence rare — que, dans le débat soulevé, la France n’était pas engagée directe-

  1. C’est-à-dire un ajournement pour prendre les ordres des commettant.