Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/138

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prince appela auprès de lui ses principaux partisans, et la délibération s’ouvrit.

Trois régiments d’infanterie, un bataillon d’ouvriers du génie, et trois régiments d’artillerie composaient la garnison de Strasbourg. Mais c’était principalement sur les artilleurs qu’il était permis de compter. La marche à suivre semblait dès-lors toute tracée. Le 3e d’artillerie étant le seul des régiments de cette arme qui eût sous la main ses chevaux et son parc, on se serait d’abord adressé à lui, et l’enlever suffisait au succès : le 4e d’artillerie n’aurait pas hésité à obéir à la voix de son colonel, qui était du complot on avait des intelligences dans le corps des pontonniers, et leur adhésion n’était pas douteuse ; enfin le colonel Vaudrey possédait les clefs de l’arsenal.’Il n’y avait donc plus, l’artillerie soulevée, qu’à se porter sur la place d’armes et à y braquer les pièces de canon dont on était maître. L’infanterie, alors même qu’elle n’eût pas été entraînée, ne pouvait rien contre un semblable appareil de forces. Et la ville obéissait. Il est vrai que l’insurrection ainsi conçue n’eût été qu’un soulèvement de soldats. Mais quand on essaie d’un complot militaire, il ne faut pas l’exécuter à demi. Puisqu’on mettait en mouvement des hommes d’épée, l’essentiel était de conquérir le pouvoir, et on eût toujours été à temps de rassurer le peuple sur l’usage qu’on en voulait faire.

Un autre avis prévalut, et c’était le pire. Il fut arrêté qu’on irait d’abord au quartier d’Austerlitz, occupé par le 4e d’artillerie, et que, si l’on y était favorablement accueilli, on pousserait droit au 46e