Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/146

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d’affirmer, dans des relations officielles, que le 4e régiment d’artillerie avait seul pris part au mouvement, et l’on se contenta de destituer sans bruit deux officiers du 5e  d’artillerie en réponse aux soupçons dont quelques esprits défiants poursuivaient le général Voirol, on l’éleva à la dignité de pair de France, et des remercîments furent adressés à la garnison de Strasbourg pour sa fidélité à la dynastie d’Orléans !

Quant à Louis Bonaparte, il fut décidé qu’on ne le jugerait pas, plusieurs pairs de France, anciens serviteurs de l’Empire, s’étant récusés d’avance, et le jury paraissant à des hommes qui s’essayaient à la monarchie, une magistrature trop subalterne pour prononcer sur le sort d’un prince. Le dogme de l’égalité devant la loi avait été, cependant, inscrit dans la Charte mais le Conseil des ministres fut d’avis qu’il était d’un mauvais exemple de traiter comme un simple citoyen un neveu d’empereur. Innocent, on l’avait condamné à un exil éternel ; coupable, on le plaçait au-dessus des lois. Privilége monstrueux donné pour corollaire à une monstrueuse iniquité !

Le 9 novembre (1836), Louis Bonaparte vit entrer dans sa prison le préfet et le général Voirol. Une voiture attendait à la porte : on l’y fit monter sans répondre à ses questions, sans écouter ses plaintes et les chevaux prirent rapidement la route de Paris. Se voyant alors entraîné loin de ses compagnons d’Infortune, Louis Bonaparte eut des pressentiments funestes. Trop rassuré sur ses propres périls, la tristesse le gagna, et l’on assure qu’il ne