Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/199

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ser l’intervention, dans une dépêche en date du 18 mars, dépêche fatale que M. Molé vint lire à la tribune, et dont il loua la sagesse avec une triomphante ironie.

La discussion fit aussi revivre le souvenir de l’anaire Conseil, basse intrigue dans laquelle on avait laissé tomber le nom de la France. Vainement M. Odilon-Barrot demanda-t-il des explications sur un mystère dont la honte se perdait dans les derniers mois du Cabinet que M. Thiers avait présidé : M. Thiers affirma qu’il n’avait pas tout su, et renvoya la responsabilité à M. de Gasparin, qui, en balbutiant, la rejeta sur M. de Montalivet. M. de Montalivet n’était pas dans la salle en ce moment. Le lendemain, il se contenta d’écrire à ses collègues, dans une missive arrogante, qu’il était prêt à répondre de ses actes. Mais il ne donnait pas les explications attendues. Et la Chambre se tint pour satisfaite en se voyant bravée ! soit qu’on s’effrayât de l’Imminence du scandale, soit qu’on respectât dans M. de Montalivet son protecteur caché.

Le ministère du 6 septembre venait de sortir vainqueur d’une épreuve pleine de péril ; mais son existence n’en était pas plus assurée, parce qu’il couvait dans son propre sein le germe de sa dissolution.

Un jugement droit, une élocutionsans relief mais suffisante et sobre, beaucoup de tenue, de la présence d’esprit et du sang-froid, de l’habileté dans le maniement des hommes, tout ce que donne l’habitude des grandes relations, l’expérience des affaires, une politique apprise à l’école de l’Empire et par conséquent le goût du despotisme, mais avec