Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/209

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vouement, bien connu, au gouvernement dont, cette fois, il se posait l’adversaire. Jamais sa physionomie n’avait été plus expressive son geste plus vif, sa voix plus mordante son éloquence plus féconde en étincelles. Rappelant que le principe d’indivisibilité avait été proclamé saint par tous les criminalistes anciens ou modernes, il montra ce principe mis hors d’atteinte dans les États despotiques comme dans les démocraties agitées ; il le montra respecté même à une époque où il y avait des juridictions royales, seigneuriales, prévôtales, ecclésiastiques, universitaires ; il le montra survivant aux révolutions, traversant les âges, debout enfin, toujours debout au milieu de tant de ruines entassées par l’histoire. Puis, pénétrant dans les entrailles de la question, « pourquoi, s’écriait-il, lorsqu’un délit est commis de complicité par des militaires et de simples citoyens, pourquoi recourir, à l’égard des premiers, à une juridiction exceptionnelle ?… Est-ce que le jury ne veut pas de discipline dans l’armée ? Est-ce qu’il préfère le désordre ? Est-ce que le propriétaire, le négociant, ne savent pas que, sans l’ordre, leur travail, leur industrie, seraient compromis, et que la discipline dans l’armée est le gage de leur repos ? Passant aux conséquences, la justice militaire, Messieurs, veut que ses arrêts soient promptement exécutés. Ferez-vous exécuter l’arrêt ? Vous renoncez à la confrontation des témoins. Si, au contraire, vous faites surseoir à l’exécution vos témoins ce sont des condamnés à mort. Et quoi de plus cruel que de tenir a un homme pendant trois ou quatre mois sous le