Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/212

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tinue. Appuyé par MM. Parant, Moreau (de la Meurthe), Persil, Magnoncourt, Martin (du Nord), le projet est flétri par l’Opposition avec une vivacité croissante. M. Chaix-d’Est-Ange l’appelle une loi de suspicion contre le jury. M. Teste le range dans la catégorie de ces mesures sinistres dont la liste comprend dans notre histoire et le tribunal révolutionnaire et les cours prévôtales. Mais la violence des partisans du projet se retrempe dans l’ardeur même de ces attaques. Dépassant la limite fixée par les ministres, le général Tirlet ne craint pas de demander que, dans le cas où les crimes prévus seraient commis par des individus de l’ordre civil, de complicité avec des militaires réunis et commandés par un ou plusieurs chefs militaires, tous les prévenus sans distinction soient traduits devant le conseil de guerre. De son côté, le général Bugeaud veut que la révolte à main armée soit justiciable des conseils de guerre, à quelque classe qu’appartiennent les coupables. Ainsi, c’est le renversement de la Charte que proposent des hommes d’épée. L’agitation redouble. Alors, s’élançant à la tribune, M. Berryer adjure ironiquement les soutiens du ministère d’imiter les généraux Bugeaud et Tirlet, d’aller jusqu’au bout, de se montrer logiques dans leurs pernicieux desseins. Car la disjonction lui paraît non moins insensée que cruelle. « Comment ! vous allez envoyer les coupables d’un même crime devant des juges différents ! Et vous ne comprenez pas quelle atteinte est portée par là à l’autorité de la justice, à sa dignité, au respect dû à ses décisions ? Supposez que vous l’eussiez eue,