Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/218

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celui de l’État ; que ce domaine privé est considérable que Louis-Philippe, dont il s’agit de faire apanager les fils et doter les filles par la nation, est un des plus opulents souverains de l’Europe. Sur ces entrefaites, le bruit se répand que, pour ënûer, à l’insu de tous, le don féodal réservé au duc de Nemours, les courtisans n’ont pas rougi de recourir à des évaluations fausses. L’irritation des esprits s’en accroît, et bientôt on ne parle plus que d’un pamphlet sorti de la redoutable plume de M. de Cormenin.

« Avouez, disait M. de Cormenin au duc de Nemours, avouez, Monseigneur, que c’est une bien généreuse nation que la nation française, et que votre famille lui doit une reconnaissance sans bornes pour les aises, profits et grands biens dont elle a été de tout temps emplie et remplie, comblée et recomblée, chargée et surchargée… Tout d’abord, Monseigneur, les édits de 1661, 1672 et 1692 prirent à l’État et donnèrent à votre aïeul un apanage composé de tant de fiefs, de terres, de manoirs, de villes, de palais, de châteaux, de fera mes, de gouvernements, de principautés, de duchés, de marquisats, de comtés et de baronies, d’aleux, de champarts, de redevances féodales, de prés, de canaux, de bois et de forêts, que je me fatiguerais, dans cent pages, à vous les énumérer. Votre maison, Monseigneur, passait, en 1789, pour la maison princière non régnante la plus riche de l’Europe, puisqu’on évaluait son capital à 112 millions, somme énorme qui représente 200 millions de nos jours ; somme trop grande,