Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/241

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loi d’apanage, concession pusillanime, à les entendre. Lui, étonné, incertain, et ne sachant encore dans quelle partie de l’assemblée il chercherait son point d’appui, il promit d’être ferme, d’être résolu, et que le pouvoir ne défaillirait pas entre ses mains. Mais les doctrinaires avaient juré de le pousser si ardemment dans la carrière des rigueurs, qu’à la fin, haletant et saisi d’effroi, il fut forcé de s’arrêter et de dire : « Je n’irai pas plus loin. » Et c’était là qu’on l’attendait pour le livrer aux coups d’une majorité rendue à ses emportements d’autrefois par le sentiment exagéré de ses périls.

M. Duvergier de Hauranne avait été chargé du rapport sur les fonds secrets il le fit avec une habileté redoutable. Il demandait aide et protection pour les ministres, mais à certaines conditions ; et, après avoir rappelé ce que le trône devait à la politique vigoureuse du 13 mars, continuée par celle du 11 octobre, il affirmait que l’heure n’était pas venue de faiblir, mêlant ainsi à des conclusions favorables au Cabinet des conseils pleins de hauteur, et à des offres de sympathie des avertissements d’une austérité menaçante. Alors M. Molé s’effraya d’avoir de tels alliés ; ne les voulant point pour maîtres, il les accepta pour ennemis, et, se décidant tout-à-coup, il dériva vers le Centre Gauche.

La situation se trouvait donc parfaitement dessinée de part et d’autre et le champ de bataille préparé, quand la discussion sur les fonds secrets s’engagea. C’était dans les premiers jours de mai. Le ministère n’avait pas un mois d’existence, et les doctrinaires ne doutaient pas qu’il ne leur fût aisé