Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/245

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proie au tourment de la pensée et l’âme remplie d’amertume, nous cherchions des yeux un homme qui, au risque des plus injustes murmures eût le courage de confondre d’aussi froides, d’aussi cruelles maximes.

M. Odilon-Barrot parla dans la séance qui suivit, mais sans aller au-delà de ce que la majorité de l’assemblée voulait entendre. Il s’éleva chaleureusement contre les doctrinaires contre leur politique vindicative et dure, contre leur prétention de ne livrer qu’à la classe moyenne la victoire du peuple entier. Au surplus, il les attendait à l’œuvre, et il désirait que le pouvoir leur fût rendu : bien sûr que l’épreuve les accablerait, bien sûr que leur ambition couronnée mettrait à nu leur impuissance. Puis, se tournant vers les ministres : « Si vous n’êtes pas les continuateurs de la politique du 6 septembre, déclarez-le nettement. Dans le cas contraire, je crois que vous avez été insensés de vous séparer des hommes les plus capables par leur talent de défendre les principes qui vous sont communs avec eux. Dans cette guerre incessante, dans ces discussions orageuses, sentez votre faiblesse devant un homme à qui vous avez entendu développer ses vues avec tant de hauteur et de fermeté. Hâtez-vous, hâtez-vous de reconnaître la parole et le bras du maître ».

Excité par l’attaque animé par l’éloge, M. Guizot répliqua qu’il n’était jamais entré dans sa pensée de faire de la classe moyenne une classe à part ; que, loin de là, c’était la gloire du régime existant d’appeler au faîte quiconque se montrait capable et digne