Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/266

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l’autorisation. Les Arabes ne manquent pas de grain. »

L’entretien fini le général Bugeaud s’était levé, et l’émir restait assis. Blessé au vif, le général français le prit alors par la main, et, l’attirant à lui d’un mouvement brusque : « Mais relevez-vous donc ! » Les Français furent charmés de cette inspiration d’une âme impérieuse et intrépide, et les Arabes laissèrent percer leur étonnement. Quant à l’émir, saisi d’un trouble involontaire il se retourna sans proférer une parole, sauta sur son cheval, et regagna les siens. En même temps on entendit une puissante clameur que les échos prolongèrent de colline en colline. Vive le Sultan ! criaient avec enthousiasme les tribus. Un violent coup de tonnerre vint ajouter à l’effet de cette étrange scène ; et, se glissant dans les gorges des montagnes, les Arabes disparurent.

Le traité conclu avec l’émir portait qu’Abd-elKader reconnaissait la souveraineté de la France ; que la France se réservait, dans la province d’Oran, Mostaganem, Mazagran et leurs territoires, plus Oran, Arzew et un territoire renfermé dans d’étroites limites[1] que, dans la province d’Alger, elle se réservait Alger, le Sahel et une partie de la plaine de la Métidja. Tout le reste était abandonné à Abd-elKader. On lui livrait la province de Titéry, on lui remettait les clés de la citadelle de Tlemsen. Et en échange de tant de concessions, il s’engageait à fournir à l’armée française trente mille fanègues d’Oran de froment, trente mille fanègues d’Oran d’orge, cinq mille bœufs. Il était, d’ailleurs, con-

  1. Voir aux documents historiques, no 7, le texte du traité.