Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/267

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venu que les Koulouglis qui voudraient rester à Tlemsen, ou ailleurs, y posséderaient librement leurs propriétés et y seraient traités comme les Hadars.

Sur tout cela il n’y eut, en France, qu’un cri d’étonnement et d’indignation. L’entrevue du général Bugeaud avec Abd-el-Kader ne se pouvait séparer des circonstances qui l’avaient caractérisée : elle fut frappée d’une désapprobation énergique et presque unanime. On accusait M. Bugeaud de s’être conduit en aventurier plutôt qu’en général, et d’avoir exposé dans sa personne la dignité du commandement à des affronts que son intrépidité, son sang-froid, ne suffisaient pas à couvrir. Mais c’était contre le traité de la Tafna que s’élevaient les attaques les plus vives. Quoi ! après tant de sacrifices en hommes et en argent, après tant d’années employées à combattre, on faisait cadeau à notre plus cruel ennemi de l’ancienne régence presque tout entière ! Quoi ! l’on condamnait la France à camper misérablement sur le littoral, pressée, resserrée, étouffée entre l’ennemi et la mer ! Quel revers nous avait donc condamnés à un tel excès d’humilité dans notre ambition ? Le traité qui nous dépouillait était-il le résultat forcé de quelque terrible défaite, de quelque irréparable désastre ? Etions-nous en Afrique sans ressources, sans armée ? Non, car 15,000 hommes avaient été réunis à Oran des dépenses considérables avaient été déjà faites pour une campagne ; une guerre à mort était annoncée ; le soldat était sûr de vaincre. Et c’était du sein des plus formidables préparatifs qu’on faisait sortir une paix semblable !