Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et, avant même de s’être mesuré avec l’émir, on lui cédait la province de Titéry, Scherchell la citadelle de Tlemsen, une portion de la Métidja, des territoires enfin sur lesquels jusqu’alors il n’avait affiché lui-même aucune prétention ! Dans la province d’Oran, nous conservions Mazagran et Mostaganem; mais, séparées d’Oran et d’Arzew, ces deux villes ne seraient-elles pas en état de blocus ? Abd-el-Kader reconnaissait notre souveraineté : concession dérisoire qui lui assurait la réalité d’une puissance dont il ne nous laissait, à nous, que le fantôme.

Ces critiques, que le général Damrémont sanctionna de son expérience dans un exposé adressé par lui au président du Conseil, n’étaient par malheur que trop fondées. Et combien n’eussent pas été plus véhémentes les plaintes de l’opinion, si l’on eût connu alors ce qu’on apprit seulement l’année suivante par un procès fameux : c’est-à-dire que toutes les conditions du traité n’avaient pas été écrites, et que le général Bugeaud avait été autorisé à se faire payer une somme d’argent qui, dépensée en chemins vicinaux devait accroître sa popularité électorale !

Quoi qu’il en soit, on dut, après le traité de la Tafna, se demander si l’on pousserait jusqu’à Constantine. Cette expédition avait été résolue cependant, l’honneur national la commandait, la France l’attendait comme la réparation d’une injure, et c’était avec la mission spéciale de l’entreprendre que M. de Damrémont avait été envoyé en Afrique. Mais, prendre Constantine, n’était-ce pas agrandir encore Abd-el-Kader, rendu déjà si redoutable par