Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lange d’estime et d’inquiétude que ceux à qui elle s’adressait l’écoutèrent, et MM. Chambolle et Léon Faucher n’hésitèrent pas à la repousser. Ne savaiton pas quel esprit animait la plupart des électeurs, et que la politique radicale leur était un sujet d’effroi ? L’Opposition dynastique commettrait donc une faute grave en se traînant comme auxiliaire à la suite d’hommes qui, par un scrupule aussi fatal qu’honorable et nécessaire, ne voulaient rien céder sur leurs doctrines et s’en faisaient gloire. M. Dupont répondit d’une manière impétueuse et hautaine. Il laissait entendre que, si l’on refusait de s’unir à eux, les radicaux se sentaient assez forts pour marcher seuls. L’agitation gagna l’assemblée.

Là se trouvait un professeur du collège de France à qui un vif talent de journaliste et des opinions populaires éloquemment propagées avaient valu, parmi la jeunesse, une popularité éclatante. Mais, par une résolution qui est sans excuse et qui resta sans commentaire, M. Lerminier avait depuis peu rompu avec ses anciens amis, déserté son camp ; et, condamné par l’opinion, poursuivi par le cri de la jeunesse, il s’était, comme il arrive, réfugié dans l’audace. Il prit la parole, et, avec une âpreté particulière, il insista sur l’éloignement de la classe moyenne pour les radicaux, sur les dangers de leur concours, sur leur faiblesse, prouvée, ajoutait-il, par le nombre de leurs défaites : paroles étranges dans la bouche de M. Lerminier, et qui lui attirèrent de la part de M. Louis Blanc, son collaborateur de la veille, une réplique véhémente, terminée par ces mots : « Il est, Monsieur, certaines